''On n’échappe pas à son destin.
Marcel Brun est philosophe, de formation et d’âme.
Dès lors, le regard qu’il porte sur le monde, les êtres et les choses est empreint à la fois de lucidité, de gravité et surtout de bienveillance
S’il fallait le résumer, au-delà de son intérêt intellectuel éclectique(ce qui pétrit un authentique humaniste) pour Kant, Benjamin Péret, Camus ou Schopenhauer, cela serait par l’attention qu’il voue à cette terrible et superbe eau forte de Goya : “Le sommeil de la raison engendre des monstres”.
Marcel Brun est un veilleur. Et un guetteur.
Aussi, happe-t-il ces images fugitives auxquelles un soleil bref ou une ombre soudaine confèrent leur relief et leur splendeur. Il sait voir cela et le retenir comme une précieuse parcelle de vérité pour le dire sur la toile. Il en va ainsi pour une place méridionale qui se révèle à ceux qui en captent les mouvances ocelées. Marcel Brun est de ces privilégiés. Il nous convie à partager les puissances de ses ocres, les verts et les bleus de péniches rêvées ou encore la
force des formes que fertilisent en lui la puissance de la Nature ou la réalité revisitée de quelques ports, sollicitation aux destinations
de l’infini. Un exceptionnel portrait bleu entrouvre, lui, d’autres univers, plus oniriques.
Frère des Fauves, gourmand aussi d’une peinture au couteau où la main façonne et presque sculpte, cet homme qui a tant vécu au Sud aime les
ombres et les arbres. Tant de branches nues d’hiver, comme une incantation.
Entouré de ses objets sahariens — tout et le Tout n’est-il pas contenu dans les déserts ? — Marcel Brun nous apporte sa part de création.
Il faut la recevoir avec reconnaissance, celle que doit susciter en chacun l’invitation reçue d’un ami à aller plus et mieux, à la découverte de nous-même...
Daniel J. Valade
Maire adjoint de Nîmes délégué à la Culture